samedi, juin 29, 2002

Enfin j'ai reussi a caser mes lins favoris ..



A Time to Talk
by Robert Frost - 1916

When a friend calls to me from the road
And slows his horse to a meaning walk,
I don't stand still and look around
On all the hills I haven't hoed,
And shout from where I am, What is it?
No, not as there is a time to talk.
I thrust my hoe in the mellow ground,
Blade-end up and five feet tall,
And plod: I go up to the stone wall
For a friendly visit.

mercredi, juin 26, 2002

L'une des chosess qui m'intriguent dans la belle saision a Lille, c'est l'arrivee de ces plantes exotiques qui refleurissent a chaque rayon de soleil: les joueurs de guitarre dans la rue, qui font la serenade aux passants, les jeunes gitanes qui disent la bonne aventure, et ces personnages au regard illumine, qui prechent la bonne parole, au nom de Jesus ou des temoins de Jehovah, qui vous proposent de la lecture ou tout simplement la decouverte du bonheur et de la verite..c'est bizarre, special, mais qui cache surement bien des miseres..
"la misere est une maitresse jalouse" entendu dans le spectacle de Dieudonne..
"le comble de la misere? mais c'est la misere qui est un comble!" Jacques Dutronc.

jeudi, juin 20, 2002

Dieu que nous sommes fragiles! j'ai beau chercher un adjectif pour l'etre humain, pour son arrogance, ses peurs, ses ambitions, sa civilisation, sa quete spirituelle, ses poemes, ses guerres, ses declarations, ses greves, ses voyages, sa force, et je ne trouve qu'un seul mot: fragile..

dimanche, juin 16, 2002


La mort à Venise



Par un après-midi de printemps de cette année 19.. qui des mois durant sembla menacer si
gravement la paix de l'Europe, Gustav Aschenbach, ou d'Aschenbach - depuis son
cinquantième anniversaire il avait droit à la particule - était parti de son appartement de
Prinzregentenstrasse à Munich, pour faire seul une assez longue promenade. Surexcité par
les difficultés de son travail du matin, auquel il lui fallait justement apporter une attention
toujours en garde, une circonspection et des soins infinis, une volonté pressante et
rigoureuse, l'écrivain n'avait pu, même après déjeuner, arrêter en lui l'élan du mécanisme
créateur, de ce motus animi continuus par lequel Ciceron définit l'éloquence, et il n'avait
pas trouvé dans la sieste le sommeil réparateur qui, la fatigue le prenant désormais
toujours un peu plus vite, lui était devenu une quotidienne nécessité. Aussi avait-il
aussitôt après le thé cherché le plein air, espérant que la promenade le remettrait d'aplomb
et lui vaudrait une bonne soirée de travail.
On était au commencement de mai, et après les semaines d'un froid humide venait la
surprise d'un faux été.


> Thomas Mann

dimanche, juin 09, 2002

Revue d'Histoire Littéraire de la France. Novembre-Décembre 1999. 99ème année. N°6


INVITATiON STENDHALIENNE



Lorsque Clélia, devenue Marquise Crescenzi, s'est donné pour prison son propre palais et jardin, elle
découvre dans l'allée qu'elle affectionne « des fleurs arrangées en bouquets et disposées en un ordre qui
leur donne un langage ». Toute autre personne passant en ces mêmes lieux, aurait été sensible à la beauté de
ces fleurs, l'accord des couleurs et leur fraîcheur, mais ces bouquets auraient été muets. Par contre, pour
Clélia, disposant de la clef de lecture, ils sont éloquents. Deux interprétations s'offrent.

Dans La Chartreuse de Parme (1), miroir promené le long d'un chemin italien dans l'Europe de la Sainte
Alliance, les facettes sont nombreuses et chacun y trouve ses préférences. Stendhal présente une galerie de
personnages fortement individualisés, enlevés au galop d'une intrigue allègre, dans un duché au parfum de
violettes où les poignards se dissimulent, les poisons tuent et atroces sont les vengeances, mais baignant
d'une poésie empruntée aux lacs de Lombardie, et vibrant, ici et là, d'une sensibilité comparable à celle de
la musique de Mozart ou des toiles du Corrège. Dans cette ample chronique, le lecteur peut retenir, à son
gré, un roman poétique exaltant la chasse au bonheur dans une Italie imaginaire ; un roman historique se
déroulant dans l'Italie de la Restauration : un roman dans la tradition picaresque par sa peinture d'un
monde de comédiens, de courtisans et de petites gens; un roman de cape et d'épée par les épisodes où le
goût de Stendhal pour les déguisements, intrigues et duels se donne libre cours ; y déceler un « charmant
manuel de coquinologie politique » ; un opéra-bouffe, conduit par Ranuce-Ernest IV ; ou enfin, le
chef-d'oeuvre du lyrisme stendhalien. C'est une sorte de polyphonie. A chacun sa Chartreuse.

« Le plus beau roman du monde », selon André Gide, se réduit-il à ces lectures ? Comme Mozart dans La
Flûte enchantée, Stendhal a déployé un tel art, que, dans leur immense majorité, les lecteurs sont tentés de
se complaire aux péripéties et aux intrigues de la nouvelle. Aujourd'hui Die Zauberflöte ne peut être
simplement considéré comme un opéra enchanteur par sa musique et déroutant par la confusion du livret de
E. Schikaneder, mais doit désormais être compris comme une oeuvre ésotérique. De même La Chartreuse
appelle-t-elle une lecture au second degré. S'il existe des âmes « qui peuvent s'élever jusqu'à sentir les
fresques du Corrège à Parme », pourquoi ne pas tenter de monter à une altitude supérieure pour percevoir
certains accords ? De se livrer à une interprétation anagogique, comme diraient les beaux esprits ?

Vous pouvez donc soit vous placer à l'orchestre et vous distraire à suivre les aventures terrestres
(lesquelles sont blâmables) de la duchesse Sanseverina - ne faisait-elle pas la pluie et le beau temps à la
cour de Parme ? -. soit - si vous le saisissez à demi-mot - répondre à l'invite de l'auteur et vous installer
dans sa propre loge à la Scala. Être aux côtés de Stendhal, c'est voir le monde de haut.


dimanche, juin 02, 2002

J'ai lu quelque part que cette "journaliste" (ce mot s'applique a tort et a travers, meme a ceux qui travaillent pour des tabloids..) a ete menacee de mort , je suis contre ce genre de menaces, c'est injuste et injustifie, et puis d'ailleurs, comme on dit chez nous, les chiens aboient (surtout quand ils ont la rage!!), mais la caravane passe.


* LE MONDE | 29.05.02 | 11h24
Le brûlot d'Oriana Fallaci contre les fils d'Allah
"La Rage et l'Orgueil", le livre de la célèbre journaliste qui a déclenché un houleux
débat en Italie, paraît en France chez Plon. L'auteur y fait l'amalgame entre musulmans,
immigrés et terroristes, considérant les attentats du 11 septembre comme un révélateur
de la vraie nature de l'islam.

La sortie , en Italie, de La Rage et l'Orgueil d'Oriana Fallaci (Plon, 196 p., 15 EUR )
et le scandale qui s'en est suivi ont dénaturé le débat sur le 11 septembre et ses
conséquences.
Dans son livre, la fameuse journaliste transalpine
mélange sans précautions l'islam, le terrorisme et la
présence des musulmans en Europe pour faire des
attentats de New York le révélateur par excellence de la
civilisation musulmane dans son essence. Celle-ci
serait, selon Mme Fallaci, tout entière tournée vers la
destruction et le pillage de l'Occident.

La rage que lui a inspirée l'attaque sur les tours jumelles, le
spectacle des gens qui se jetaient dans le vide "en agitant les bras
et les jambes, en nageant dans l'air", avant de "s'écraser comme
des pierres", nous valent des pages très fortes, qui témoignent du
caractère unique de l'horreur qui s'est abattue ce jour-là sur le
monde, et rappellent qu'aucune impunité ne doit être accordée à
ceux qui ont commis ce crime contre l'humanité.

Mais comment peut-on en assigner la responsabilité collective,
sans autre forme de procès, à tous les "fils d'Allah" - selon
l'expression de Mme Fallaci - dépeints, principalement au travers
des immigrés en Europe, comme des délinquants, violeurs,
prostituées, sidaïques, qui "urinent dans les baptistères" et "se
multiplient comme les rats" ?

CLICHÉS CONNUS

Critique-t-on ces simplifications (où l'on retrouve les clichés sur
le juif dans la littérature antisémite ou sur l'Italien dans la presse
française extrémiste d'avant-guerre), et l'on se voit qualifié de
pauvre idiot terrorisé par le "politiquement correct", d'aveugle ou
de complice. Le temps n'est plus à la réflexion, mais aux "coups de
pieds dans les couilles", dont l'auteur nous informe au fil des pages
qu'elle a gratifié régulièrement les immigrés qui l'agressent en
Italie.

La Rage et l'Orgueil pose toutes sortes de problèmes préoccupants pour le type de débats que nos
sociétés peuvent mener sur des questions aussi graves que le 11 septembre et ses conséquences -
comme sur l'immigration, l'insécurité et leur représentation. Son extraordinaire succès dans les
péninsules Italienne et Ibérique, son inscription programmée dans la liste des best-sellers, au côté d'un
autre livre au contenu consternant - L'Incroyable Imposture, d'un certain Thierry Meyssan - augurent
mal du niveau de la réflexion collective face à l'un des défis les plus graves auxquels est confrontée la
civilisation en ce début de millénaire.

Une époque qui érige Mme Fallaci et autres M. Meyssan en phares de l'intelligence manifeste le désarroi
de la pensée et l'incapacité des intellectuels : c'est une sorte de victoire pour les fanatiques, pour
Oussama Ben Laden et consorts. Sans doute le succès est-il imputable à ce que ces ouvrages révèlent
par leur démarche même de la psychologie des foules. L'amalgame et la confusion entre le terroriste et
l'immigré, les attentats du World Trade Center et l'insécurité sont à la racine du livre. Ils expriment, sur
un mode viscéral et subjectif qui se veut explicitement l'ennemi de toute réflexion (bonne pour les
aveugles et autres complices politiquement corrects), ce sentiment de peur que traduit, dans le secret des
isoloirs, l'inflation des votes pour l'extrême droite en Europe et l'adhésion massive au manichéisme de la
"guerre contre la terreur" en Amérique. De ce point de vue, il faut prendre ce type de cri au sérieux, en
faire une lecture sociologique.

COMPRENDRE LE POPULISME

Cela peut nous aider à démonter les ressorts du populisme d'aujourd'hui, à comprendre comment Ben
Laden a réussi à donner son nom et son icône à la peur, à monopoliser l'univers de l'image télévisuelle, à
polariser la figure respective du mal et du bien de laquelle hommes politiques réactionnaires comme
activistes islamistes radicaux font leur miel. Arrivent ces jours-ci du Moyen-Orient, via les sites
Internet, la presse et les tracts, de longues listes de "produits juifs" (de la lessive aux sodas et aux
pièces détachées) qu'il est ordonné aux bons musulmans de boycotter. Un délire populiste répond à
l'autre. Mais l'ampleur de la catastrophe qui a commencé le 11 septembre mérite tout de même un débat
d'une autre gravité.

C'est le rôle civique des intellectuels de sortir de leurs cénacles pour prendre le risque, sans tabou ni
complaisance, du débat public. Sans quoi il est vain de déplorer que la démagogie rafle la mise, inonde le
marché de l'édition, et flatte les instincts au lieu d'aiguiser l'esprit. C'est aussi le rôle des médias d'avoir
des exigences à la hauteur des défis de société majeurs auxquels nous sommes confrontés : tout
l'automne, le petit écran a fait défiler en boucle des experts instantanés gorgés de certitudes factices, au
détriment de la réflexion en profondeur sur le séisme que venait de subir le monde. Puis, tout le printemps,
il a trait l'inépuisable vache à lait électorale de l'insécurité et de l'immigration.

Rendons grâces au livre de Mme Fallaci de boucler la boucle, et espérons que ses succès éditoriaux
réveilleront les énergies civiques des intellectuels, comme les succès électoraux de Jean-Marie Le Pen le
21 avril ont réveillé le 5 mai les énergies civiques de la société française.

Gilles Kepel

* ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 30.05.02