Pour une nuit d'été qui soulage l'ame et enflamme le corps..
Le violon, d'un chant très profond detristesse,
Remplit la douce nuit, se mêle aux sons descors,
Les sylphes vont pleurant comme une âme en détresse,
Et les coeurs des arbres ont des plaintes de morts.
Le souffle du Veillant anime chaque feuille;
Aux amers souvenirs les bois ouvrent leur sein;
Les oiseaux sont rêveurs; et sous l'oeil opalin
De la lune d'été ma Douleur se recueille...
Lentement, au concert que font sous la ramure
Les lutins endiablés comme ce Faust ancien,
Le luth dans tout mon coeur éveille en parnassien
La grande majesté de la nuit qui murmure
Dans les cieux alanguis un ramage lointain,
Prolongé jusqu'à l'aube, et mourant au Matin.
Émile Nelligan ( 1879-1941)
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